Couture·Eco-bio

May we start [Veste Sable – Maison Fauve]

L’histoire du jour est une histoire d’amour. J’ai rarement aussi intensément craqué sur la matière au cœur de la couture que pour cette cousette que je vous présente. L’amour au premier regard, quand, sur le site de Fil Etik, j’ai vu arriver ces étoffes en chanvre, l’amour encore quand j’ai reçu et touché le tissu, l’amour extatique tout au long de la couture, prenant tellement plaisir à manipuler cette étoffe de qualité, l’amour toujours d’un tombé lourd et élégant, l’amour qui démarre seulement son long voyage avec une cousette durable et (j’ose dire) parfaite.

Ce tissu condense quasiment l’ensemble des graals réflexo-couturesques que je vous partage depuis plusieurs années maintenant : bio, local (en partie), élégant et souple, indémodable, qui va avec toute ma garde-robe (ou presque). Le prix me direz-vous? Le prix… ou la relativité de la notion du prix. Prix écologique? prix social? prix porte-monnaie? prix d’investissement? En vérité, il n’y a que sur ce quatrième point que ce chanvre est coûteux. Il faut pouvoir investir. Et je sais le luxe que j’ai d’avoir pu me le permettre cette année. Comme mes moyens financiers sont fluctuants (mon temps de travail varie), je suis très consciente de ma chance, et de mes choix. Pour les trois autres angles d’approche, ces prix sont tout ce qu’il y a de plus raisonnable. Prix écologique : la matière participe à la relocalisation de nos savoir-faire industriels (je suis pas survivaliste, mais je crois fortement à la maîtrise de nos besoins et nos ressources), le chanvre est très peu gourmand en eau, peut se satisfaire de notre climat tempéré (tant qu’il l’est), et l’investissement de Fil Etik participe à la relocalisation de la filière lin-chanvre en France. De ce point de vue, en résumé, ce chanvre-ci n’est pas parfait du tout puisque cultivé en Chine, mais il est porteur d’une vision, qui va nous permettre d’aller vers plus de cohérence. Cet aspect m’avait fait hésiter, mais si on attend d’être parfait pour avancer, on n’avance pas. Prix social : le greenwashing de certaines marques qui nous vendent du bio à prix de synthétique ajouté à notre habitude de baisser le prix d’achat jusqu’à ne plus réaliser que sur 2 € pour un tshirt, combien pour chacune des personnes qui ont travaillé pour produire, fabriquer, vendre… et est-ce qu’on accepterait d’être payé comme ça, nous? Prix porte-monnaie : je vous la refais pas, je vous renvoie au « coût par porter », une matière telle que celle-ci, j’espère bien la porter des années, j’ai orienté mon choix de patron pour classer ma réalisation hors mode et intemporel, mon application dans les finitions est du même ordre, évidemment, je ne peux vous en faire de retour complet aujourd’hui, mais promis, si je tiens toujours un blog/un réseau social dans 5 à 10 ans, on en reparle. Parce que c’est clairement mon pari : une veste que je vais porter très longtemps.
J’aurais pu ajouter le prix plaisir (de travailler cette matière noble, de porter cette matière confortable) mais vous devinerez aisément à me lire que ce dernier se classe largement hors compétition.
Je vous invite à consulter le site de FilEtik, pour compléter votre réflexion si vous le souhaitez.

Tomber si fort en amour sur un tissu, c’est clairement partir dans une réflexion intensive sur le projet à lui réserver. J’ai acheté mon chanvre dans l’optique d’une veste mi-saison, ça, c’était clair. J’avais d’emblée en tête la veste Sable, que j’ai déjà réalisée (donc, patron testé et approuvé, bien que la portabilité de mes choix de tissus d’alors se soit avérée discutable, et que j’ai, depuis, donné ladite-veste), mais je doutais, le besoin d’une doublure (alors que bon, tant qu’à faire, autant profiter de mon chanvre au plus près, sans lui adjoindre le moindre truc synthétique ou non bio, forcément antinomique)? l’esthétique apprêtée de Sable allait-elle aller à ma toile un peu brute et à un esprit intemporel?
Lorsque Fil Etik a présenté ses réalisations pour parler de sa collection de tissu, j’ai été très emballée par leur veste Pekka de Ready to Sew, qui correspondait si fort à mon envie-besoin (encore que doublée elle aussi). Mais mais mais, après mon gros lâchage sur l’investissement tissu, et malgré mon amour pour les patrons RtS, j’ai réfreiné mon impulsion achat pour revenir à mon envie première, parmi les patrons disponibles dans ma patronthèque. D’autant que l’hésitation soulevée par la thématique « doublure or not doublure » a été balayée par Aurélie, de Fil Etik, qui a gentiment répondu à mon interrogation : elle n’a pas doublé sa Pekka, pour profiter de son chanvre, justement. Quelques temps ont encore passé pour mûrir le projet, pour vérifier comment me passer de la doublure sur un vêtement joliment fini dans l’esprit Maison Fauve, et pour choisir d’habiller les coutures apparentes d’un biais maison de luxe là aussi, en liberty, rappel de la chemise de mon BG (oui c’est du coton, oui c’est pas bio, oui, c’était en stock).

Grâce à ma première version, j’ai pu sereinement prendre des options. Par exemple, j’ai choisi d’allonger les manches de 2 cm. Afin de préserver un côté simple et pur à ma matière (oui oui, rien que ça), j’ai aussi choisi de couper les manches d’un seul tenant, sans tissu contrastant ou coutures intermédiaires. Du coup, j’ai apposé mes deux pièces de patron (haut de manche + bas de manche) l’une sous l’autre sans espace (les marges de couture d’1 cm sont incluses) sur mon tissu, et voilà!
Pas d’autres modifications au patron de base, sauf évidemment l’absence de doublure : le montage du col et l’ourlet du bas et des manches en couture main invisible a très bien fonctionné. Pour le bas des manches, j’ai repris le patron du bas dans le chanvre, sur 8 cm, j’ai bordé au biais pour éviter la surépaisseur, j’ai cousu le bas et fixé le haut à la main, à l’intérieur de la manche. Pour toutes les autres coutures apparentes, j’ai posé du biais, et pour les poches, gansées, je pense que je vais finir par les fixer au corps de la veste, pour qu’elles ne se baladent pas, mais si j’hésite encore…
Je dois bien avouer à ce stade : ce n’est pas une partie de plaisir, notamment parce que parfois, j’ai mal anticipé les longueurs, ayant pris des options tardives, ou parce que coudre du biais sur des angles n’est pas toujours aisé. L’exercice de la réflexion méthodologique lorsque celle-ci n’est pas prévu initialement par le patron n’est pas chose innée. Heureusement, l’avantage d’une finition couture main est qu’il est simple de reprendre de manière tout à fait discrète ce genre de petits défauts et de les rendre invisibles au final.

Zéro remarque sur le patron, tout tombe bien, les explications sont top. En dehors de cette veste, je n’ai pas cousu d’autres patrons de la marque : j’adore l’univers de la créatrice, mais c’est souvent trop apprêté pour mon quotidien, et accessoirement dans des matières que je ne veux pas coudre ou porter, cela dit, niveau technique, ça assure, et niveau esthétique, je me régale à voir ses propositions.

avec ma Stockholm d’amour, pantalon du commerce.

Pour travailler ce natté de chanvre, j’ai suivi les petits conseils donnés par Fil Etik : c’est un tissu qui s’effiloche beaucoup, le surfiler avant de le laver en machine une première fois avant couture m’a évité la déconvenue de perdre de la matière. J’ai aussi aiguisé mes ciseaux avant la coupe et au cours de la couture. Je n’ai pas épinglé mon patron pour couper le tissu, afin d’éviter de déformer les pièces, par contre, je l’ai fait pour mes ourlets invisibles, en gérant la souplesse au fur et à mesure de la couture main, le résultat me convient.

avec mon hack de Gabriel préféré de tous les temps en jersey Mars-Elle

Comme j’ai bien apprécié l’exercice avec mon Pio, et à l’instar d’autres instablogueuses (coucou Virginie!), je vous présente plusieurs associations de tenue pour vous montrer comme il m’est facile de marier ma veste avec ma garde-robe (3 tenues mood estival, d’autres tenues mi-saison me paraitront plus évidentes quand le temps fraichira!).

avec Jily et Papao Ready to Sew / Détails de la poche so discrète

Patron : veste Sable, Maison Fauve
Taille : 38.
Modifications : +2 cm aux manches, en les coupant d’un seul morceau, pas de doublure, ajout de biais de propreté sur les coutures apparentes.
Matières : natté de chanvre indigo Fil Etik, biais maison liberty of london Stragier, étiquette UNIQUE La petite maison couture X Julie jolies bobines
Rayon portabilité : me voilà partie je pense pour une longue histoire avec ma veste Sable, le mariage matière et couleurs me parait gage de mixité avec quasi l’ensemble de ma garde-robe printemps-été-automne, la sobriété de l’ensemble, intemporelle, me parait de très bon augure. D’ailleurs, je l’enfile presque tous les matins depuis que je l’ai terminé (même si je ne la garde pas longtemps puisque les températures sont redevenues estivales).
Une prochaine fois? pour le modèle, c’est une vraie bonne base, à détourner comme ici ou refaire en version initiale, donc why not, mais pas tout de suite. Pour la matière, ce sera selon les besoins, parce que côté envie, c’est sûr, j’ai pris tellement de plaisir sur ce projet, que ça me donne très très envie d’y revenir!
Dans le temps : à suivre.

Etiquette Unique La petite maison couture / Détails des finitions emmanchures

Pour clore le premier chapitre de cette histoire qui ne fait que commencer : quand j’ai reçu mes étiquettes « La petite maison couture », j’ai su que UNIQUE serait celle qui définirait le mieux mon aventure de veste sable en chanvre textile, et que j’aurais fierté à la porter haut et fort.
Je suis heureuse d’inaugurer la rentrée avec l’aboutissement de ce joli projet qui m’a portée ces derniers mois, reste à avancer dans mon prochain défi, qui j’espère, m’enthousiasmera tout autant, le jeans qui me va… Et vous? Vos projets à venir?

22 commentaires sur “May we start [Veste Sable – Maison Fauve]

  1. WOW. j’adore. Je trouve que c’est tellement toi cette veste.
    /* Même si ça manque de jaune ah ah ah !!! */
    En fait, je me rends compte que j’adore les vestes comme ça /* Genre Nénuphar de D&D … */ mais qu’au quotidien, je ne sais pas les porter.
    En tout cas, elle te va super bien, elle est intemporelle mais originale !
    Rendez-vous dans 10 ans !

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    1. Le « c’est tellement toi » est un si joli compliment, merci beaucoup!!!! le jaune… viendra en dessous justement, parce qu’une veste, finalement, faut que ça aille plus facilement avec un pantalon violet ou rose fuchsia (au hasard) que si je l’avais faite en wax. pour le coup, les manches sont moins amples que sur Nénuphar, ou même Pekka, et vu que la veste, je la tombe souvent en journée, je ne suis pas empêtrée pour bouger et pianoter sur l’ordi! Rdv dans 10 ans, je suis sûre qu’elle sera encore là 😉😘

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  2. MA-GNI-FI-QUE ! La classe !!!!
    Une veste aux lignes sobres et élégantes et quel tissu ! un tissu digne de tes finitions en Liberty, j’adore ! Un véritable bijou !
    Au top aussi bien avec un pantalon qu’avec une robe.
    Merci également pour ce partage d’adresses que je ne connaissais pas.
    Eh bien, voilà une belle rentrée 😉

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    1. Grand merci, Danielle 😄 oui, ce tissu est une vraie pépite, et la veste va avec tout ce avec quoi je l’ai essayé cette semaine, bon début, et j’envisage bien d’autres options, donc oui, j’ai pris le temps de savourer cette couture, et elle démarre bien cette rentrée!

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  3. C’est vrai qu’elle est belle cette veste, notamment avec ses finitions au biais. Elle me fait bien envie. Et elle me donne trop envie de la toucher, je n’ai jamais touché de chanvre ! J’espère bien qu’elle va te durer longtemps.

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    1. merci de partager mon enthousiasme, Nabel! et je te confirme que c’est une très belle matière, agréable à toucher et à porter. Je gage, oui, qu’elle va durer longtemps, et même, je pense qu’elle devrait devenir encore plus belle en se patinant un peu…

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  4. Superbe cette veste😍😍 J’adore lire ton récit détaillé de cette aventure couturesque 😉 et je suis très sensible à tes looks car coudre une pièce en réfléchissant aux tenues associées est indispensable!

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    1. Je suis une incorrigible raconteuse… et pour les looks, ils sont improvisés le jour de la séance photos, mais je savais en choisissant cette veste qu’elle correspond à mon style, la couleur du chanvre était gage de match parfait avec quasi l’ensemble de ma garde-robe, où il y a beaucoup de bleus, ou de couleurs pouvant s’y assortir… Bref, j’y suis allée en confiance! Merci de ton compliment en tout cas 🙂

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  5. Elle est superbe cette veste et le tissu a l’air juste magnifique!! J’ai fait aussi toute cette réflexion avec la couture de la cape pour homme avec un Loden ancien à tomber et la question de la doublure aussi s’est posée. Tu aurais pu utiliser du voile de lin pour cette veste, j’en avais acheté initialement pour cette cape et puis finalement les choix ont changé!! On n’en trouve pas souvent mais je pense que c’est une matière à exploiter..
    Oh oui je pense que cette veste a un gros potentiel en terme d’adaptabilité et saura se combiner avec pas mal de tenues!! Une très belle réussite!

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  6. Je suis d’accord, cette jolie veste s’accordera parfaitement avec de nombreux vêtements grâce à ces tons neutres. Je n’ai jamais cousu de chanvre, tu me donnes envie de découvrir cette matière !
    Mon projet à venir, est un manteau pour cet hiver mais je n’arrête pas de changer d’avis concernant le patron… Je me laisse encore un peu de temps et de réflexion…
    Joli dimanche à toi !

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    1. une matière pas si facile à trouver mais que ce soit en jersey ou en toile, comme ici, j’adore. Après mon jeans, j’aimerais aussi finalisé le manteau que j’ai en tête depuis deux hivers sans passer à la réalisation (et pour le coup, j’ai le patron, j’ai les matières, tout, juste… je traîne pour décalquer le-dit patron sur une planche ottobre incompréhensible!!!).

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      1. J’hésite entre le lady shiva de Mialuna (patron en allemand), le manteau de l’Usine à bulle et le manteau Ottobre 5/2012. Mon problème c’est que mon lainage fait moins de 2 mètres… Je l’ai acheté à mes débuts en couture il y a plus de 10 ans… mais pourquoi j’avais pris si peu de métrage ?? Le manque d’expérience je pense…
        Je suis comme toi, cela fait plusieurs hivers que je repousse le projet. Et donc comme je ne veux pas en acheter un dans le commerce, eh bien je garde le même, mais il commence à faire grise mine.
        Je dois me dépêcher car il commence à faire froid le matin en Suède, seulement 7 petits degrés ce matin…
        Et toi, quel est le modèle Ottobre que tu as choisi ?

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        1. Celui du 5/2017, avec quelques petits détails glanés deci-delà… Ah oui, moins de deux mètres, ça risque de manquer… sauf à faire un caban plutôt court? ou mixer avec un autre lainage? (tu sais, genre, une bande en bas unie si ton lainage est à motif, ou l’inverse… )
          Allez, on dit qu’on s’y attelle? on se motive ensemble? D’autant que mon Raymond est dans le tas des « à reprendre », sa doublure de mauvaise qualité craque de partout. Si j’attends trop, je vais me retrouver sans manteau l’hiver venu!!!

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  7. Ah oui il est sympa celui-là !! Je viens de regarder ! 😉
    Pour ma part, je vais essayer de le commencer la semaine prochaine en croisant les doigts de ne pas avoir d’imprévu entre temps… Je pense partir sur le patron en allemand… Bon je devrais tout d’abord m’atteler à la traduction… Tu as raison, il faut que l’on se motive !! 😉

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    1. Les trois tiens sont sympas aussi, je comprends l’hésitation, il y a des similitudes, mais… bon courage pour l’allemand! Je vais déjà coudre mon jeans (un ajustement dos creux à faire sur une toile avant de couper dans mon super jean), et après… MANTEAU!!! On va y arriver!

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